Le prénom, origine du nom
Qu'est ce qu'un prénom ?
Beaucoup de noms patronymiques aujourd'hui sont d'anciens prénoms. Au moment de l'évangélisation, du passage de la Gaule franque sous l'obédience de l'Eglise dans les premiers siècles après Jésus-Christ, les saints parcourants nos plaines et montagnes laissaient derrière eux nombres de miracles en «échange» d'un abandon de la population de leurs noms «barbares» au profit du nom du saint. Le nom le plus répandu aujourd'hui en France est St Martin. Ainsi, nous rencontrons également des «monsieur Vincent, Antoine, Paul». Le concile de Trente (1545-1553) impose définitivement le passage de ces prénoms en noms patronymiques dans le seul but de pouvoir ficher et surveiller, via le nom de baptême, tout individu.
Il fût un temps, en effet, où les pouvoirs n'étaient pas partagés. Gouvernement, justice et religion ne faisaient finalement qu'un. Les campagnes étaient vastes, les moyens de communication encore limitées à la vitesse du cheval. La religion «catholique» française, religion quasiment imposée à tous, étaient le point de ralliement de tous les français. La sacro-sainte messe permettait de drainer tous ceux que l'on ne rencontrait pas habituellement. L'Eglise faisait office de notre recenseur décennal d'aujourd'hui. Cette dernière, avec tous ces faits et méfaits qu'on lui connaît, n'avait ainsi aucune peine à trouver où retrouver n'importe quel individu aux vues de paiement d'impôts de toutes sortes en premier lieu. C'est d'ailleurs à cette époque que le principe de la confession a été mis en place, où devant Dieu on venait avouer ses péchés, moyennant quelques pénitences, ils étaient pardonnées. Il y avait soi-disant une confidentialité, un secret de la confession. Mais celui-ci pouvait être brisé, si les intérêts de l'Etat ou de l'Eglise étaient prédominants.
L'Eglise était l'équivalent actuelle de nos pointeuses. Le baptême permettait l'élaboration d'un fichier, tenu à jour d'une manière remarquable et enrichit à chaque nouvelle naissance. En effet, ne pas faire baptiser son enfant dès la naissance, c'était le condamner inévitablement à le faire errer dans les méandres de l'enfer. Un enfant en bas âge non-baptisé et qui venait à décéder, se voyait l'âme perdue, seul l'acte inauguré par Jean-Baptiste pouvait le sauver. L'aubaine était trop bonne pour ne pas en profiter, dans un pays naissant... de Gaule vers la France, on établissait des registres. Il a suffit de quelques lois soi-disantes divines pour installer une «manière» de nommer l'Autre. Une procédure qui convenait tout à fait à l'Eglise et qui ne changeait rien dans le quotidien des gens, le fermier était toujours pauvre, le noble riche.
Cette installation du pré-nom patronymique est le début d'une longue histoire, une histoire encore profondément ancrée dans nos familles où la généalogie fait recette, la recherche de son nom, de son histoire. L'attachement à son nom n'est plus chose à démontrer. A l'exemple de ce sketch de J.Y Lafesse dans un canular téléphonique, ce faisant passer pour un officier d'Etat Civil, il apprenait à Monsieur Conard que son nom serait changé en Martin : «nous sommes tous des Conard depuis des générations, je ne vois pas pourquoi je changerai...» Risible, certes, mais qui illustre bien le lien indissociable entre le nom et soi.